Techno : Volvo Penta en mode hybride

Dans le cadre d’un partenariat avec Bénéteau, Volvo Penta a dévoilé un prototype équipé d’un système hybride-électrique très abouti. Neptune s’est rendu dans l’archipel de Göteborg pour vous en livrer tous les secrets. Photos l’auteur et DR.

Dans le petit monde du motonautisme, Göteborg est connu comme le lieu où s’invente la plaisance de demain. Dans son centre d’essai de Krossholmen, à l’entrée de l’archipel qui jouxte la deuxième ville de Suède, Volvo Penta conçoit de nouveaux systèmes en veillant à toujours anticiper les attentes du marché.

Objectif zéro émission en 2050

Lors des décennies passées, des technologies telles que le Sterndrive Aquamatic et les IPS y ont vu le jour. Actuellement, le motoriste s’attelle à préparer la transition vers une plaisance décarbonée avec, notamment, la mise au point d’un nouveau système hybride électrique. « Volvo Penta vise un objectif de zéro émission en 2050. Pour y parvenir, nous devons adopter plusieurs approches, explique Johan Inden, le directeur de la division marine du groupe suédois, en nous accueillant dans les petites maisons bardées de bois rouge du centre d’essai. Cela passera par des designs innovants, des biocarburants, des piles à combustible et bien sûr de l’hybride-électrique. »

Cette technologie, la marque l’expérimente depuis l’année dernière à bord d’un navire destiné aux expéditions organisées au Spitzberg par la société Hurtigruten. Plus récemment, à l’occasion du dernier Boot de Düsseldorf, une collaboration avec le Groupe Bénéteau a été annoncée pour étendre son champ d’action à la plaisance. Le résultat se trouve sous nos yeux, avec un Jeanneau NC37 équipé d’un innovant système hybride-électrique. « Il s’agit d’un prototype, précise Johan Inden. C’est un produit qui peut et va encore évoluer. »

Anticiper les règlementations

Volvo Penta voit d’ailleurs ce modèle comme un bateau destiné à recueillir les ressentis et les analyses des personnes ayant l’opportunité de l’essayer, qu’il s’agisse de clients, de concessionnaires ou de journalistes, afin de comprendre de quelle façon cette technologie novatrice peut faire évoluer la navigation. Pour Erik Stromberg, directeur produit de la division moteur de Bénéteau, « cette plateforme d’essai technique doit nous donner l’opportunité d’anticiper les changements de règlementation. Collaborer avec Volvo permet d’avoir un temps d’avance en participant à la mise au point du cahier des charges ».

Sagement amarrée au ponton en bois du centre d’essai, cette NC37 ne se distingue en rien extérieurement d’un modèle classique, si ce n’est l’inscription sur la coque précisant qu’il s’agit d’une version hybride-électrique. Sur la console de pilotage en revanche, la présence d’un large écran tactile doté de modes Electric, Hybrid et Power nous glisse une puce à l’oreille.

Le système dont est équipé le bateau est un hybride parallèle, ce qui signifie que deux moteurs électriques de 60 kW se trouvent dans l’axe des deux Volvo D4-320 situés dans la cale moteur. La transmission est, elle, assurée par deux unités DPI Aquamatic Sterndrive.

Fluidité et facilité d’usage

Sous le plancher de la timonerie, le parc de huit batteries offre une totale de stockage de 67 kWh et assure une autonomie de trois heures à 5 nd et une vitesse maximale de 10 nd en mode électrique.

Au total, le poids supplémentaire induit par le système s’élève à 900 kg : 300 kg pour les moteurs électriques et 600 kg pour les batteries. Mais la vraie innovation concerne les transitions de l’électrique au thermique, et inversement. En optant pour le mode hybride, le système passe de l’un à l’autre automatiquement lorsque le pilote pousse et tire sur les manettes de gaz.

L’un des points forts du système est la fluidité du passage de l’électrique au thermique. Le pilote n’a qu’à accélérer pour passer de l’un à l’autre.

En accélérant, la bascule de l’électrique au thermique s’effectue à 1 500 tours sans avoir rien à faire. Même chose en décélérant, la transition se fait toute seule comme une grande en passant sous les 1 200 tours. En serpentant entre les îles et ilots rocheux de l’archipel, difficile de ne pas être bluffé par la fluidité et la facilité d’usage de cette technologie. Aux alentours de 10 nœud, le changement se fait sans à-coup seul le bruit au démarrage des D4 permet de réaliser que l’on vient de changer de mode de propulsion.

Un autre avantage est qu’en quittant ou en revenant à quai, le joystick de manœuvre, associé à la souplesse et au couple des moteurs électriques, offre une très grande précision. Et en cas de vent important, il reste possible de basculer en mode thermique pour disposer de plus de puissance. Un autre point fort de ce nouveau système hybride est la possibilité de charger les batteries par le biais des deux Volvo D4. Ceux-ci peuvent fournir jusqu’à 20 kW de charge lorsque la NC37 est en mouvement, et jusqu’à 60 kW de charge lorsque le bateau est amarré ou à l’arrêt. Dans ce cas, il ne faut pas plus d’une heure pour recharger l’intégralité du parc !

À quai, le temps de charge avec une prise de quai conventionnelle est compris entre trois et douze heures en fonction de l’alimentation.

L’électrique booste le thermique

On en arriverait presque à oublier que ce modèle peut aussi fonctionner en mode thermique… Avec deux moteurs développant chacun 320 ch, le chantier annonce pourtant une vitesse de 35 nd à plein régime – nous avons relevé 32 nd lors de notre essai.

Autre innovation, le système est conçu pour procurer une fonction d’amplification électrique aux moteurs, ce qui permet de considérablement booster l’accélération. En réalisant le test, nous avons constaté que le bateau passe ainsi de 0 à 30 nd en 17 secondes en activant l’amplification, contre 25 secondes sans l’activer.

Reste maintenant à savoir quelles autres évolutions Volvo entend apporter à son système avant de le mettre sur le marché. Pour le moment, aucune date n’est annoncée et le motoriste rappelle à qui veut l’entendre qu’il s’agit d’un prototype. Il s’agit pourtant de la technologie hybride la plus avancée que nous avons eu l’opportunité d’essayer.

Volvo anticipe une hausse de la demande pour les bateaux équipés d’un système de ce genre entre 2025 et 2030. La mise en place progressive de zones de navigation interdites aux bateaux équipés de moteurs thermique pourrait inciter certains plaisanciers encore réticents à franchir le cap d’ici quelques années. Le prix pourra en revanche être un frein, car si nous ne disposons pas d’indications précises pour le moment, il est entendu que ce type de technologie engendre généralement un surcout de 10 à 20 % du prix du bateau.

Mais quand le moment sera venu, Volvo et Bénéteau seront aux avant-postes pour répondre aux attentes.

Autonomie en électrique à 5 noeuds : 3 heures / Vitesse électrique maxi : 10 noeuds / Recharge sur moteur thermique : 1 heure / Vitesse thermique maxi : 35 noeuds

Le système mis au point par Volvo Penta, et installé à bord d’une Jeanneau NC37 faisant office de prototype, est un hybride parallèle : deux moteurs électriques de 60 kW se situent dans l’axe des deux Volvo D4-320. Un parc de huit batteries situées sous le plancher de la timonerie offre une capacité de stockage total de 67 kWh. Les moteurs thermiques ont la capacité de recharger intégralement les batteries.

 

Source : https://www.voileetmoteur.com