Formule E : le sport automobile ultra-connecté inspiré des jeux vidéo
La quatrième manche du Championnat du monde de Formule E s’est déroulée ce week-end sur le mythique circuit de Monaco. Presse-citron a eu la chance d’être invité par la Formule E pour découvrir cette discipline bien trop méconnue et mettre en avant les côtés « ultra-connectés » propres à la Formule E que nous ne retrouvons pas dans les autres catégories.
Jeune discipline créée en 2011, le premier Championnat du monde de Formule E est lancé en 2014. Sous la réglementation de la FIA (Fédération internationale de l’automobile), la Formule E est la la seule catégorie de monoplace actuellement en compétition équipée d’un moteur électrique.
Dans le paddock de la Formule E
Presse-citron vous plonge dans les coulisses d’un week-end de course à travers une vidéo documentaire en parallèle de l’article. Vivez le week-end comme vous y étiez, de l’arrivée à Monaco, en passant par les conférences de presse, les interviews, les rencontres avec les pilotes, visites de paddocks, les qualifications, la course et même… Un tour de piste en safety car.
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Le Formule E, c’est quoi ?
Lancée en 2014, la FE en est seulement à sa septième saison. Moins connue que la plupart des disciplines automobiles, elle fait partie des catégories montantes du sport auto qui voit sa cote de popularité grimper en flèche depuis quelques années.
Avec 24 pilotes sur la grille et 15 manches, la saison 2021 sera la plus complète depuis son lancement. Le concept de la FE est d’unifier le sport automobile et le développement durable, par l’intermédiaire de l’énergie des générateurs de carburant alimentés avec de la glycérine, un carburant 100% renouvelable. L’une des particularités de la discipline est de proposer uniquement des circuits en villes, bien plus spectaculaires, mais aussi beaucoup plus accessibles pour le public.
Les monoplaces de toutes les écuries disposent de la même batterie et d’un châssis commun, mais les marques développent leur propre bloc motopropulseur. À puissance maximale, en course, le mode normal délivre 200 kilowatts, soit 270 chevaux.
Mais la Formule E a tout de même encore du mal à séduire les amoureux de sport automobile. L’un des principaux reproches qui sont faits à la discipline est l’utilisation des moteurs électriques qui proposent un bruit beaucoup moins envoûtant que les V6 turbo utilisés en F1. On se souvient déjà que dans cette catégorie reine, les changements de moteurs avaient déjà fait grincer pas mal de dents lorsque les V12 avaient fait place aux V10 atmosphériques, mais surtout aux V8 et V6 à partir de 2013. Pourtant, il semblerait bien que ce soit l’avenir du sport mécanique.
La discipline cool, pour les jeunes
Avec les véhicules électriques qui deviennent de plus en plus populaires, le monde s’habitue à la mélodie de ses nouveaux moteurs, notamment la jeune génération qui compare le bruit des FE aux sons émis par certains vaisseaux de Star Wars.
Ainsi, d’après des représentants de la FE, la discipline aurait tendance à séduire beaucoup plus de jeunes qui, justement, associent ces voitures de course à la pop culture. En plus des vrombissements de moteurs, le design des Formule E est intentionnellement inspiré de la Batmobile depuis 2018. Comme nous l’explique Frederic Espinos, directeur de course de la Formule E, le but de la discipline est d’attirer une nouvelle population de spectateurs.
Le but de la Formule E, c’est de s’adresser en quelque sorte à une nouvelle population et d’amener de nouvelles personnes dans le sport automobile. C’est lié avec l’essence même du véhicule électrique. La propriété de la Formule E, c’est de courir au cœur des villes, car c’est au cœur des villes qu’il y a le marché des véhicules électriques […] On a aussi un peu une volonté de le lier aux jeux vidéo, de le lier à des choses nouvelles pour attirer et pour convaincre public encore une fois.
Frederic Espinos, directeur de course Formule E
La discipline intègre même « un mode attaque » qui a pour but de rendre la stratégie en piste bien plus intéressante. Ce mode s’inspire du jeu « Mario Kart » et permet un gain de puissance de 25 kilowatts afin de se dépasser plus facilement. Pour cela, les pilotes doivent s’écarter de la trajectoire idéale pour recharger cette batterie externe. Comme dans les courses folles du plombier moustachu, il faut s’éloigner de la piste « idéale » pour avoir droit à des bonus.
“Le mode attaque prend le nom de Mario Kart, parce que c’est complètement inspiré des jeux vidéo. Au début de la Formule E, il y avait deux voitures par pilote. C’était assez sympa parce qu’il y avait cette phase au milieu de la course où l’on pouvait changer de voiture. Après toute l’évolution technologique, on s’est dit : qu’est-ce que l’on va faire maintenant que nous avons qu’une voiture ? Qu’est-ce que l’on va faire pour emmener quelque chose à la course ? La réponse basique de tout le monde, c’était que l’on allait faire un pit-stop [arrêt aux stands]. Mais finalement, c’était resté dans la zone de confort des gens. Nous avons regardé un peu dans les jeux vidéo et l’on s’est dit que ce serait pas mal d’avoir une zone du circuit où l’on a d’abord un désavantage et ensuite on aura plus de puissance. C’est donc comme ça qu’est arrivée cette idée d’Attack Mode” expliquait Frederic Espinos.
La FE, ultra-connectée !
La Formule E n’est pas avant-gardiste seulement sur ses moteurs. Elle ne séduit pas les jeunes uniquement avec ses références à la pop culture. La catégorie est également ultra-connectée permettant aux fans d’influencer directement sur la course avant le départ de cette dernière.
Les cinq pilotes qui obtiennent le plus de votes, reçoivent le très apprécié FanBoost. Ce dernier permet d’attribuer une poussée de puissance que les pilotes peuvent employer dans une fenêtre de cinq secondes au cours de la seconde moitié de la course. Les fans peuvent ainsi voter pour leur pilote préféré au cours des trois jours précédant chaque course et jusqu’à 15 minutes après le départ de la course.
“Cela permet aussi aux pilotes de mobiliser leur communauté, pour promouvoir ce FanBoost. Et donc, grâce aux votes des fans, on peut avoir un avantage en piste qui est plus de puissance pendant quelque temps” nous expliquait Frederic Espinos.
Un concept intéressant qui permet aux spectateurs d’avoir de l’influence dans la course. Mais pouvons-nous être certains que ce système est juste ? Et qu’il n’y ait pas un risque que ce soit toujours les mêmes pilotes qui soient avantagés ?
“Pas forcément puisque l’on a l’exemple de Stoffel Vandoorne l’année où il est arrivé, il venait de la F1 avec une grosse communauté, il continue d’être dans les meilleurs qui ont le FanBoost. Je pense que c’est plus lié au fait que ce soit un petit quelque chose que l’on veut donner aux pilotes et qu’il faut vraiment qu’ils mobilisent leurs fans et leur communauté. C’est donc un petit travail qu’ils ont à faire aussi et c’est assez sympa, car il y en a qui ont des idées originales et qui font des trucs sympas” commentait-il.
Mais bien entendu, cette idée de FanBoost fait débat au sein du paddock et certains pilotes ne sont pas vraiment “fan”. C’est le cas de Jean-Eric Vergne, le pilote français de chez DS Techeetah, double champion du monde de Formule E (pilote le plus titré) qui aime l’idée de permettre aux fans d’interagir sur la course, mais pour qui le concept n’est pas équitable.
“Je trouve ça très bien que les fans puissent intervenir, interagir dans la course, mais pas pour le bien d’une performance. C’est comme si au football des fans pouvaient voter pour une équipe et qu’ils aient un douzième joueur pendant cinq minutes. Donc je trouve que ce n’est pas correct pour le sport, et ce n’est pas correct dans le sens aussi où beaucoup de pilotes payent les votes pour avoir ça” disait Jean-Eric Vergne à notre micro.
La Formule E dans l’eSport
En 2020, la Formule E est la première discipline à tirer profit de la crise sanitaire et du confinement. Au moment de l’interruption des championnats, la « FE » lance le « Race at Home Challenge ». Une série de courses sur le jeu rFactor2 permettant aux pilotes de s’affronter en ligne sur des simulateurs. De cette idée naîtra le « Accelerate » Challenge. Une mise en avant de l’Esprot bien avant les autres sports automobiles.
Hannah Brown, Business Devlopement Director de la Formule E et grande actrice dans la mise en place de ces courses virtuelles nous explique un peu plus l’idée derrière ces deux compétitions.
“L’idée du « Race at Home » est arrivée quand tout s’est arrêté. Nous avons pu rassembler une grille complète de pilotes de Formule E, les 24 pilotes ont tous participé et nous sommes allés vers la communauté SimRacing et leur avons permis de se qualifier pour prendre part à la course. Nous avons un excellent soutien de nos partenaires de diffusion et nous nous sommes réunis dans un délai très court pour une série de huit courses virtuelles plutôt cool […] Ensuite, nous avons lancé la Formule E « Accelerate » et nous avons couru six autres séries de courses au début de cette année. Le « Race at Home » était le début et nous examinons maintenant de nouvelles possibilités pour faire évoluer l’expérience de course virtuelle avec la course réelle et les pilotes réels […] Le confinement a présenté une opportunité, mais ce n’est vraiment que le tout début de ce que nous voulons faire avec cela”.
Face à ce succès, une seconde édition d’Accelerate est d’ores et déjà en préparation pour la saison 2022. L’idée sera de “passer à la vitesse supérieure” et de créer un véritable événement connecté avec les fans qui auront l’autorisation de revenir voir les courses.
“Je ne pense pas que cela ait été annoncé publiquement, mais nous travaillons avec notre partenaire chinois pour octroyer une licence à la marque Accelerate, pour que notre partenaire chinois puisse l’adapter en Chine au troisième et quatrième trimestre de l’année […] Pour la saison prochaine, nous cherchons à savoir comment nous allons passer au niveau supérieur. Les fans seront autorisés à revenir aux courses et nous allons voir comment intégrer la course virtuelle à l’expérience réelle les jours de courses avec un événement en direct. Créer en quelque sorte une expérience vraiment cool pour les fans et pour les pilotes, qui souhaitent participer”.
La Formule E : L’avenir du sport automobile ?
Ce fut un week-end chargé et fort intéressant au cœur de la Formule E à Monaco. L’occasion de découvrir de nombreuses facettes de cette jeune discipline qui a un bel avenir devant elle. Un grand remerciement à la Formule E pour cette opportunité, à Fanny Margoux pour l’organisation du séjour et la planification des différentes interviews pour compléter notre dossier et notre vidéo.
N’hésitez pas à découvrir l’intégralité du week-end dans une vidéo spéciale. De l’arrivée à Monaco, en passant par la visite des paddocks, la visite du garage Envision Virgin Racing, un tour de circuit à bord de la BMW i8, la visite de la grille de départ bien entendu la course… C’est à découvrir juste ici pour vivre la Formule E comme si vous y étiez.
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