La société Kallista Energy a inauguré, le 22 septembre, une borne de recharge pour voiture électrique en Normandie, le long de l’autoroute A13, reliée à une éolienne.
Associer une station de recharge pour véhicules électriques à une éolienne ? Le concept est pour le moins controversé. La plupart des opérateurs spécialisés dans l’installation de bornes jugent l’idée habile sur le plan du marketing, mais irréaliste. « Techniquement problématique et économiquement hors des clous », pour reprendre l’expression de l’un d’entre eux.
Kallista Energy (84 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2021), énergéticien spécialisé dans la production d’électricité renouvelable avec trente-six parcs éoliens et solaires installés en Europe, a choisi cette voie. D’ici cinq ans, la société, détenue par le fonds d’investissement Ardian et le fonds de pension néerlandais APG, compte installer à travers la France quatre-vingt-dix stations de recharge ultrarapides dont « la majorité » seront directement reliées à une éolienne installée à proximité. Selon ses dirigeants, un modèle de 5 mégawatts est suffisant.
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« Un chemin de croix »
Le 22 septembre, Kallista Energy a inauguré une station pilote à Vernon-Douains (Eure), le long de l’autoroute A13 reliant Paris à la Normandie. A défaut d’éolienne ici – la proximité de la base aérienne 105 d’Evreux interdit d’en installer – l’énergéticien se flatte de mettre en service « les bornes les plus puissantes de France ». Celles-ci sont capables de délivrer 360 kilowatts, une puissance qui permet en théorie d’acquérir 100 kilomètres d’autonomie en trois minutes mais qu’aucun modèle électrique en circulation n’est en mesure d’absorber.
« Avec l’envol des tarifs, produire de l’électricité renouvelable en circuit court prend tout son sens » Frédéric Roche, président de Kallista
Elles peuvent aussi et surtout accueillir simultanément quatre véhicules, mais avec une puissance unitaire de 90 kilowatts. Chaque borne, d’une valeur unitaire de quelque 70 000 euros, a obtenu une subvention de 18 000 euros de la part du programme public Advenir. A terme, les stations pourront compter jusqu’à quarante-huit bornes et, lorsque le vent fait une pause – environ 20 % du temps, mais pas davantage, selon Kallista – elles seront raccordées au réseau ou à une batterie de stockage installée sur le site.
« Avec l’envol des tarifs de l’électricité, produire de l’énergie renouvelable en circuit court prend tout son sens. Cela permet de tabler sur un coût fixe : aujourd’hui, le mégawattheure atteint les 1 000 euros, mais nos éoliennes sont rentables à 70 euros, un prix qui permettrait de recharger la batterie de sa voiture pour 15 à 20 euros », plaide Frédéric Roche, président de Kallista. Au total, l’investissement correspondant à ce projet représente 1 milliard d’euros « avec un calcul de rentabilité sur trente ans ».
Reste désormais à boucler la procédure administrative d’installation de la première dizaine d’éoliennes qui desserviront les futures stations – « un chemin de croix », admet Frédéric Roche. Dotées dans un premier temps de douze points de recharge, celles-ci ne seront pas implantées sur le réseau autoroutier mais à juste à l’extérieur, à proximité d’une sortie, comme c’est le cas à Vernon-Douains. Chez Kallista, on juge les appels d’offres des sociétés d’autoroutes « trop contraignants, trop chers et inscrits sur une durée trop courte ».
source : www.lemonde.fr